Bon, je commence: "L'histoire de la petite fille Pleine-De-Trous " (ce n'est pas son vrai nom).

" Encore une fois ( pourquoi souvent le soir? ), elle prit place, le nez encore plein d'eau, qu'elle s'efforçait de ne pas faire couler dans la soupe, snif; encerclée, elle ne pouvait s'enfuir (et où ?) : faire jouer des mâchoires,comme les autres,fondre dans le groupe, se faire oublier quoi : disparaître ne pouvait déplaire. Enfin, après le dessert (qu'elle aimait surtout car elle avait lu avec étonnement sur une carte d'un restaurant que la liste des desserts avait été intitulée « Douceurs », avec pleins de courbes joyeuses dans les lettres),la tranche de gruyère allait clôturer cette réunion Sans Coeur et Avec Reproches (ne pas penser à voix trop haute): au moins, ses poupées avec leurs bras potelés en plastique rose, toujours fidèlement tendus et son tendre ours Martin l'attendaient dans sa chambre.Dans l'assiette, la tranche de gruyère laissait voir par chacun de deux trous avoisinants un pied ailé d'un Hermès tête en bas,pieds en l'air ( rappel du sourire fier de Maman : service de cuisine en promotion « Dieux de la mythologie grecque », entreprise en faillite ), formant à travers l'humidité de son regard,des pupilles qui la fixaient; devant elle, le visage d'un dieu reconstitué en un puzzle fantaisiste caché par un masque de carnaval graisseux et jaunâtre.Le vague sentiment que cette rencontre dans son assiette , juste pour elle, allait lui délivrer un secret; elle transperçait de son attention l'épaisseur du fromage, en sainte attente . Enfin,un éclat : " ( à suivre avec la lenteur d'une tortue pleine sous sa carapace )